Plus jeune, j’étais prise avec le syndrome de l’imposteur. Ayant été victime de racisme à l’école, et les parents qui m’élevaient n’ayant pas les traits haïtiens qui me différenciaient des autres jeunes autour de moi, j’ai grandi avec le sentiment d’être étrange et de ne pas appartenir au groupe.
J’ai tenté de compenser mes différences physiques (parce que je les voyais comme des défauts) en étant très serviable (voire trop), en me faisant discrète (en m’effaçant dans les toilettes lors des dîners à l’école par exemple) et en donnant raison aux autres (particulièrement lorsque je pensais qu’ils avaient tord). Ces habitudes m’ont menée à faire des choix toujours orientés vers les autres et à ne pas être à la recherche (et donc encore moins à l’écoute) de mes propres besoins.
J’essayais d’être parfaite pour tous ces gens et dans toutes les sphères de ma vie. J’ai accumulé frustrations par-dessus frustrations autant dans ma vie amicale, amoureuse que professionnelle. Je me suis brûlée physiquement, mentalement et spirituellement. Jusqu’au jour où mon corps a simplement arrêté de produire les efforts que je lui demandais. Jusqu’au jour où mon être a jeté ma boussole interne aux poubelles en me laissant comme unique sentiment l’indifférence. Jusqu’au jour où le burn out est devenu si imposant que me lever de mon lit était un effort surhumain.
Qu’est-ce qui m’a sauvée?
Le repos. Ne rien faire. Jusqu’à ce que j’aie assez d’énergie pour regarder en face ma relation à mon corps. Parce qu’il me parlait depuis si longtemps, mais que j’avais décidé qu’il était si laid que son opinion ne valait rien du tout. Et pourtant, cette enveloppe physique est si précieuse pour tout ce que j’ai et aurai à accomplir dans cette vie!
Rétablir cette relation de respect et d’amour a pris du temps. J’ai eu des hauts et des bas ainsi que des moments de rechute. J’ai appris à observer les réactions de mon corps face à mes diverses demandes; entraînement ou non? soirée entre amis ou non? travailler ou non? Ce fût long et ça semblait vraiment inutile au départ. Mais un pas à la fois, j’ai appris à connaître mon être et à faire confiance à ma boussole interne. C’est elle qui me dicte ce que j’ai à prioriser, et elle le fait très bien en me faisant ressentir la joie ou l’indifférence, l’énergie ou la fatigue, la détente ou le stress.
Au moment où j’ai commencé à entendre les besoins de mon corps et à les respecter, je me suis approchée de qui je suis et le bonheur s’est installé peu à peu partout dans ma vie.